LXXVIIIe FAM. SOLANÉES. – SOLANEÆ. (Juss. gen. 124.)

Fleurs hermaphrodites régulières ou rarement irrégulières. Calice libre, persistant ou à partie supérieure caduque ordinairement à 5 divisions, s’accroissant souvent après la floraison. Corolle gamopétale, insérée sur le réceptacle, en roue, en cloche ou en entonnoir, caduque, à 5 lobes, alternes avec les sépales, plissée ou imbriquée avant l’épanouissement. Etamines 5, alternes avec les lobes de la corolle, insérées sur son tube ; anthères bilobées, à déhiscence longitudinale ou terminale. Ovaire libre. Style simple ; stigmate simple ou bifide. Fruit capsulaire ou bacciforme, polysperme ; capsule à 2 loges, s’ouvrant longitudinalement au sommet en 2 valves ou en 4, par le déchirement des cloisons, ou plus rarement par une séparation circulaire ; baie indéhiscente, à placentas centraux. Graines nombreuses. réniformes ou lenticulaires. Plantes herbacées ou ligneuses, à feuilles alternes ; les supérieures souvent géminées, à fleurs solitaires, agrégées ou en cyme, souvent extra-axillaires.

1 Fruit capsulaire 2
Fruit bacciforme 3
2 Capsule épineuse, s’ouvrant, au sommet, en 4 valves DATURA
Capsule lisse, s’ouvrant circulairement par un opercule HYOSCYAMUS
3 Baie renfermée, à la maturité, dans un calice renflé en vessie PHYSALIS
Baie non renfermée dans le calice, à la maturité 4
4 Arbrisseau épineux LYCIUM
Herbe ou arbrisseau non épineux 5
5 Corolle rotacée ; anthères conniventes ; fleurs en corymbe SOLANUM
Corolle campanulée anthères non conniventes ; fleurs solitaires ou géminée ATROPA
1er . gr. LYCIET. – LYCIUM. (Lin. gen. 262.)

Calice court, urcéolé, à 5 dents égales ou disposées en 2 lèvres, appliqué sur la baie, non accru à la maturité. Corolle en entonnoir, à tube étroit, à limbe très ouvert, à 5 lobes. Etamines 5, à anthères non conniventes, à déhiscence longitudinale. Baie oblongue ou globuleuse, à 2 loges.

1 Tiges fermes à rameaux dressés baies globuleuses MEDITERRANEUM
Tiges faibles, à rameaux pendants ; baies oblongues 2
2 Calice bilabié ; feuilles lancéolées vertes des deux côtés BARBARUM
Calice à 5 dents, non disposées en 2 lèvres ; feuilles ovales, un peu glauques en dessous SINENSE

1. LYCIUM BARBARUM
Lin. sp. 192 ; Dec. fl. fr. 3, p. 616 ; Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 541.

Arbrisseau de 1-2 mètres, très rameux, à rameaux grêles, anguleux, pendants, à écorce d’un gris blanchâtre, à rameaux stériles épineux. Feuilles vertes sur les deux faces, glabres, oblongues-lancéolées, rétrécies en pétiole, entières, un peu épaisses, fasciculées sur les anciens rameaux. Fleurs d’un violet pâle, dressées, solitaires ou fasciculées, axillaires, à pédicelles grêles, plus courts que la feuille. Calice glabre, coriace, membraneux sur les bords des lobes, disposés en 2 lèvres entières ou l’une d’elles bidentée. Corolle à 5 lobes oblongs, très ouverts, puis réfléchis, aussi longs que le tube. Etamines saillantes, à filets pubescents et renflés à la base. Baie oblongue, rouge ou d’un jaune rougeâtre. Graines jaunâtres, réniformes, très comprimées, finement chagrinées.

Cet arbrisseau sert à faire des haies ; l’infusion des feuilles se prend en guise de thé.

Hab. les haies à Aigües-Mortes.

Fl. juin-septembre.

2. LYCIUM SINENSE
Lamk. dict. 3, p. 509, illustr. t. 112, fig. 2 ; L. europœum Dec. fl. fr. 3, p. 615 (en partie) (non Lin. non Guan).

Arbrisseau à racine longuement traçante, différant du précédent : par son calice à 5 dents, non bilabié ; par ses feuilles plus larges, ovales, atténuées en pétiole d’un vert clair, glauques en dessous, un peu ondulées sur les bords.

Mêmes propriétés que le précédent.

Hab. les haies aux environs d’Aigues-Mortes, de Nîmes, Manduel.

Fl. juin-septembre.

3. LYCIUM MEDITERRANEUM
Dun. in Dec. prodr. 13, pars 1, p. 523 ; Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 542 ; L. europœum Lin. Mant. 47 ; Mich. nov. gen. t. 105, fig. 1 ; Lob. adv. 438, ic. ; Dod. pempt. 754, fig. 1.

Arbrisseau de 1-2 mètres, ferme, droit, à écorce blanchâtre, très rameux ; à rameaux raides, diffus, cylindriques, flexueux, non pendants, portant alternativement des rameaux courts, robustes, épineux, sur lesquels naissent 1-3 faisceaux de feuilles et de fleurs. Feuilles épaisses, succulentes, tendres, cassantes, glabres, planes, d un vert blanchâtre, oblongues-obtuses, entières, rétrécies vers leur base, fasciculées sur les anciens rameaux, alternes sur les jeunes. Fleurs purpurines, veinées de blanc, dressées, solitaires, géminées ou ternées, à pédicelles naissant du centre des faisceaux de feuilles et beaucoup plus courts qu’elles. Calice non bilabié, à 5 dents courtes, pubescentes au sommet. Corolle à 5 lobes très ouverts, puis réfléchis, de moitié plus courts que le tube. Etamines saillantes hors du tube. Baie globuleuse, d’un rouge orangé. Graines réniformes, chagrinées.

Cet arbrisseau est connu sous le nom vulgaire de jasmin bâtard ; on l’emploie pour former des haies vives. On pense que c’est de cet arbrisseau que la couronne de Jésus-Christ a été faite.

Hab. en haie ou isolé, à Aigues-Mortes, Aimargues, St-Gilles, Montfrin, Villeneuve-lez-Avignon.

Fl. mai-septembre.

2e gr. MORELLE. – SOLANUM. (Lin. 251.)

Calice à 5 divisions, rarement à 4 ou à 10, étalées, ne s’accroissant pas ou s’accroissant peu, après la floraison, appliquées contre la baie ou réfléchies à la maturité. Corolle rotacée. Etamines 5, rarement 4-6, à filets courts, à anthères saillantes au-dessus du tube, conniventes en pyramide, s’ouvrant au sommet par 2 pores. Baie biloculaire, rarement pluriloculaire, arrondie dans les espèces indigènes. Plantes herbacées ou ligneuses, annuelles ou vivaces, à feuilles simples ou pinnatifides, à fleurs en corymbes. Pédoncules extra-axillaires ou terminaux.

1 Feuilles pinnatifides ou à 3 segments 2
Feuilles simples 3
2 Plante herbacée ; feuilles pinnatifides TUBEROSUM
Plante ligneuse ; feuilles à 3 segments DULCAMARA
3 Corolle 3-4 fois plus longue que le calice ; plante très velue VILLOSUM
Corolle une fois plus longue que le calice ; plante
presque glabre
NIGRUM

1. SOLANUM VILLOSUM
Lamk. dict. 4, p. 289 ; Dec. fl. fr. 3, p. 613 ; S. nigrum villosum Lin. sp. 266 ; Bill. Elth. t. 274, fig. 353.

Racine blanchâtre, sinueuse, rameuse. Tiges de 2-5 dm, herbacées, naissant plusieurs du collet de la racine, flexueuses, anguleuses ; la centrale dressée, les latérales ascendantes, couvertes de poils grisâtres, étalés, articulés, abondants. Feuilles ovales, sinuées-dentées, pétiolées, velues, presque tomenteuses, grisâtres. Fleurs blanches, réunies 4-5 en corymbes, à pédoncule souvent plus court que les pédicelles, épaissis au sommet et réfléchis à la maturité. Calice à lobes ovales, très velus, ainsi que le pédoncule et les pédicelles. Corolle pubescente, à lobes oblongs-aigus, étalés, puis réfléchis, 3-4 fois plus longs que le calice. Etamines à anthères tronquées, échancrées au sommet. Baies presque globuleuses, d’un rouge jaunâtre. Graines réniformes, blanchâtres, très finement chagrinées.

Cette plante exhale une odeur de musc très forte ; elle est employée en fomentation contre les tumeurs et les ankyloses ; à l’intérieur, c’est un poison assoupissant.

Hab. les champs cultivés et les vignes, les décombres, dans toute la plaine du département ; remonte jusqu’au Vigan, à St-Ambroix, Bessège.

Fl. juillet-septembre.

2. SOLANUM NIGRUM
Lin. sp. 266 (excl. plur. var.) ; Dec. fl. fr. 3, p. 613 ; Fl. dan. 460 ; Fuchs. hist. 686, ic.

Racine blanchâtre, tortueuse, rameuse. Tige de 2-6 dm, herbacée, dressée, souvent très rameuse dès la base, à rameaux très étalés et diffus, presque glabres, anguleux, à angles plus ou moins saillants, dentelés. Feuilles d’un vert foncé, glabres ou presque glabres, pétiolées, ovales-aiguës, sinuées ou dentées, à dents obtuses, écartées ou rapprochées, rarement entières. Fleurs blanches, réunies 4-6 en corymbes, à pédoncule souvent plus court que les pédicelles, épaissis au sommet et réfléchis surtout à la maturité, pubescents ainsi que le pédoncule. Calice petit, à lobes obtus. Corolle plus petite, moins pubescente que celle de l’espèce précédente, à lobes lancéolés-étalés, puis réfléchis. Etamines et anthères comme dans la précédente. Baies globuleuses. Graines finement chagrinées.

Même vertu que la précédente.

VAR. A, Genuinum Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 543. Baies noires.

VAR. B, Chlorocarpum Spenn. fl. frib. 1074. Baies jaunes ou jaunes-verdâtres. Sol. virescens Gmel. bad. 4, p. 177. Lorsque cette variété est naine, elle constitue le Sol. humile de Bernh. ap. ; de Willd. Berol. de Fries, herb. norm.

VAR.C, Miniatum Mert. et Koch, deutsch, fl. 2, p. 231. Baies rouges. Sol. miniatum Dec. fl. fr. 5, p. 417.

Hab. les haies, les vignes, les décombres : la var. A. dans tout le département ; la var. B, aux environs de Bellegarde ; la var. C, dans les vignes à Manduel.

Fl. juin-octobre.

3. SOLANUM TUBEROSUM
Lin. sp. 265 ; Dec. fl. fr. 3, p. 613 ; C. Bauh. prod. 89, ic. ; Clus. hist. 2, p. 79, ic.

Racines longues, à fibres nombreuses, produisant des tubercules oblongs ou arrondis de diverses grosseurs, jaunâtres ou rougeâtres, garnis de fossettes qui sont le siège des bourgeons. Tige de 4-6 dm, robuste, dressée ou ascendante, très anguleuse, pubescente, un peu rude, herbacée, rameuse, souvent dès la base. Feuilles pubescentes, imparipennées, à pinnules ovales-acuminées, entières, pétiolulées, alternant avec d’autres sessiles, plus petites ; rachis de la feuille décurrent sur la tige. Fleurs assez grandes, blanches ou violettes, disposées en-corymbes rameux, latéraux et terminaux, à pédoncules allongés, velus ainsi que les pédicelles, réfléchis à la fructification. Calice à 5 lobes lancéolés. Corolle pubescente, à lobes courts, triangulaires, 2 fois de la longueur du calice. Baies sphériques, assez grosses, jaunâtres ou verdâtres. Graines rousses, ovales, lisses,membraneuses au sommet.

Cette plante porte les noms vulgaires de pomme de terre, de parmentière, de patate, de tartifle : la pulpe de ses tubercules est un remède puissant pour arrêter les progrès des brûlures.

La pomme de terre est un aliment très sain ; on la sert sur toutes les tables, de plusieurs façons ; on en retire de la fécule, du sucre, du sirop, de l’alcool. Les feuilles et la pulpe cuite fournissent un cataplasme très émollient.

Hab. originaire du Pérou cultivé en grand, dans tout le département sous une foule de variétés.

Fl. juin-septembre.

4. SOLANUM DULCAMARA
Lin. sp. 266 ; Dec. fl. fr. 3, p. 612 ; Fl. dan. t. 607 ; Drèves et Hayne, pl. d’Eur. t. 60 ; Lob. ic. 266, fig.1.

Tige ligneuse, sarmenteuse, cylindrique, s’élevant à 1-2 mètres, soutenue par les plantes voisines, rameuse, à écorce grisâtre, verdâtre et pubescente sur les rameaux. Feuilles d’un vert foncé, glabres ou légèrement pubescentes, quelquefois presque tomenteuses en dessous, pétiolées, entières, ovales-aiguës ou acuminées, souvent cordiformes ; les supérieures à 3 lobes, le terminal très grand, les deux latéraux plus petits, inégaux, étalés obliquement. Fleurs violettes, assez petites, disposées en cymes ou en corymbes rameux, extra-axillaires ; pédoncules plus longs que les pétioles ; pédicelles violets divariqués, articulés à la base. Calice à 5 lobes courts, triangulaires. Corolles à lobes lancéolés, réfléchis, puis dressés-connivents un peu au-dessous du sommet, munis, à leur base, de deux taches glanduleuses, vertes, bordées de blanc, plus claires à la face externe. Baies ovoïdes, pendantes, écarlates à la maturité. Graines rousses, lenticulaires, très finement chagrinées.

Cette plante est connue sous les noms vulgaires de douce-amère, crève chien, morelle grimpante ; en patois, herta de la loqua, pouisoun. Ses baies sont vénéneuses ; ses feuilles, en cataplasme, sont résolutives ; ses tiges sont sudorifiques, dépuratives, antivénériennes.

Hab. les haies, les bords des fossés, dans tout le département.

Fl. juin-septembre.

On cultive fréquemment, comme plante alimentaire, le sol. melongena Lin. sp. connu sous les noms vulgaires d’aubergine, de melongène, mérinjeane. Le fruit est un aliment recherché ; les feuilles, en cataplasme sont résolutives.

On cultive aussi plusieurs espèces du genre capsicum, caractérisé par ses baies enflées, peu succulentes. Entre autres, le caps. annuum Lin. sp. vulgairement poivre long, piment, corail, distingué par sa tige herbacée, ses fleurs solitaires, ses baies grosses, rouges à la maturité. Ses ses fruits sont très excitants ; on les confit au vinaigre, pour être mangés en salade et pour donner du montant aux ragoûts.

Le lycopersicum est un genre caractérisé par ses baies succulentes : c’est le lycop. esculentum Dun. Sol. lycopersicum Lin. sp. que l’on cultive dans les jardins sous les noms vulgaires de tomate, pomme-d’amour. Il se distingue par ses feuilles pennatifides, par ses fleurs jaunes et par ses baies grosses, bosselées, d’un rouge vif. Ses feuilles, en cataplasme, sont anodines ; ses baies sont employées dans les ragoûts, ou se mangent de différentes façons.

3e gr. COQUERET. – PHYSALIS. (Lin. gen. -250.)

Calice à 5 dents. Corolle en roue, à 5 lobes. Etamines 5, à anthères conniventes, droites, s’ouvrant longitudinalement. Baies globuleuses, biloculaires, renfermées dans le calice persistant, renflé-vésiculeux à la maturité.

1. PHYSALIS ALKEKENGI
Lin. sp. 262 ; Dec. fl. fr. 3, p. 612 ; Lamk. ill. t. 116, fig. 1 ; Lob. ic. t. 262, fig. 2 ; Math. com. valg. p. 1070, ic.

Racine blanchâtre, rameuse, longuement traçante. Tige de 3-5 dm, herbacée, dressée, anguleuse, simple ou rameuse dès la base, pubescente. Feuilles glabrescentes, pétiolées, ovales-acuminées ou deltoïdes, entières ou sinuées, souvent géminées vers le sommet de la tige. Fleurs d’un blanc verdâtre à la gorge, assez grandes, pédonculées, solitaires, axillaires, penchées ; pédoncule réfléchi après la floraison. Calice florifère petit, très velu, à lobes acuminés, étalés ; le fructifère très ample, renflé-vésiculeux, veiné-réticulé, ombiliqué à la base, d’un rouge vif à la maturité. Baie globuleuse, luisante, d’un rouge vif, de la grosseur d’une cerise. Graines réniformes, chagrinées, roussâtres.

Cette plante est connue sous les noms vulgaires d’alkékenge, de coquerelle, d’herbe à cloques. Ses feuilles, ses fleurs et ses racines sont apéritives ; ses fruits sont un puissant diurétique. On mange les baies, dans quelques pays, sous le nom de cerise d’hiver.

Hab. les vignes, les haies, les champs cultivés, à Bouquet, Lussan, Tresques, Alzon.

Fl. mai-juillet.

4e gr. BELLADONE. – ATROPA. (Lin. gen. 249.)

Calice campanulé, persistant, à 5 lobes, un peu accrus et étalés en étoile à la maturité. Corolle campanulée, à 5 lobes peu profonds, à tube plissé, rétréci dans le calice. Etamines 5, inégales, rapprochées à la base, écartées au sommet, à anthères à déhiscence longitudinale, puis réfléchies. Baie globuleuse, biloculaire.

1. ATROPA BELLADONA
Lin. sp. 260 Bec. fl. fr. 3, p. 611 ; Lamk. ill. t. 114, fig. 1 ; Bull. ven. t. 29 ; Clus. hist. 2, p. 86, fig. 1.

Racine blanchâtre, épaisse, longue, rameuse. Tige de 6-10 dm droite, robuste, dichotome ou trichotome au sommet, finement pubescente, glanduleuse supérieurement. Feuilles assez amples, ovales-acuminées, entières ou un peu sinuées, à limbe décurrent sur un pétiole court, souvent géminées, glabres ou légèrement pubescentes. Fleurs assez grandes, courtement pédonculées, axillaires, solitaires ou géminées, penchées. Calice à lobes ovales-acuminés. Corolle rougeâtre-livide, à tube nervié ; pédoncule épaissi au sommet. Baie noire et luisante à la maturité, de la grosseur d’une cerise. Graines nombreuses, brunes, réniformes, chagrinées.

Cette plante porte les noms vulgaires de belle-dame, de bouton-noir ; elle est très vénéneuse, surtout ses baies, dont la saveur est douceâtre. La poudre de ses feuilles et de sa racine est narcotique ; ses feuilles et ses fruits, appliqués extérieurement, sont adoucissants et résolutifs. On emploie les acides pour détruire l’effet de ce poison affreux.

Hab. les bois de Salbous et de Bouquet.

Fl. juin-juillet.

5e gr. STRAMOINE. – DATURA. (Lin. gen. 246.)

Calice à 5 angles et à 5 plis longitudinaux, tubuleux, allongé, renflé, à partie inférieure persistante, accrue à la maturité ; la supérieure s’étant séparée circulairement. Corolle très grande, en entonnoir, à 5 plis longitudinaux et à 5 lobes. Etamines 5, incluses. Stigmate à 2 lames. Capsule grosse, ovoïde, à 2 loges, subdivisées en 2 autres loges par une cloison incomplète, très épaisse ; déhiscente, au sommet, en 4 valves.

1. DATURA STRAMONIUM
Lin. sp. 255 ; Dec. fl. fr. 3, p. 609 ; Lamk. ill. t. 113 ; FL dan. t. 436.

Racine blanchâtre, fibreuse. Tige de 4-16 dm, droite, robuste, rameuse supérieurement, souvent dichotome, cylindrique, glabre, ainsi que les feuilles ; celles-ci d’un vert sombre, assez amples, longuement pétiolées, ovales-acuminées, sinuées-dentées, à dents larges, acuminées, un peu décurrentes sur le pétiole, d’un côté, à nervures blanches, très saillantes en dessous. Fleurs solitaires, à pédoncule court, naissant entre les bifurcations des rameaux. Calice à dents lancéolées, acuminées, pliées en long. Corolle à lobes courts, brusquement et finement acuminés, à tube deux fois de la longueur du calice. Capsule dressée, couverte d’épines robustes, raides, droites, piquantes, dilatées et nerviées à leur base. Graines noires, blanchâtres à l’ombilic. réniformes, onduleuses, finement alvéolées. Odeur fétide.

VAR.A, Genuina. Plante toute verte ; corolle blanche.

VAR. B Chalibea Koch, syn. 586. Tige d’une teinte violette , parsemée de petites taches verdâtres ; calice, corolle et nervures des feuilles violacés. D. tatula Lin. sp. 256.

Cette plante est connue sous les noms vulgaires de pomme épineuse, d’herbe aux taupes, d’herbe aux magiciens, d’herbe du diable ; elle est très vénéneuse. A l’extérieur, les feuilles sont anodines, résolutives ; à l’intérieur, les graines sont narcotiques. Pour engraisser les cochons, on leur donne, chaque jour, plein un dé à coudre de ces graines.

Hab. dans le voisinage des habitations dans tout le département.

Fl. juillet-août.

J’ai rencontré quelquefois, dans les champs cultivés, voisins des habitations, le datura metel Lin. sp. distingué par la pubescence de sa tige, de ses feuilles et de son calice, par ses feuilles presque entièrement cordiformes, par sa fleur blanche, glabre, très ample, et par sa capsule globuleuse, penchée, couverte d’épines molles, courtes.

Le genre nicotiana est caractérisé par son calice campanulé, persistant, à 5 lobes inégaux ; par sa capsule membraneuse, embrassée par le calice. On cultive assez fréquemment, dans les jardins, le nicotiana tabacum Lin. sp connu sous les noms vulgaires de nicotiane, de grand tabac, d’herbe à la reine. On le distingue à ses feuilles très amples, oblongues-lancéolées, sessiles ; à sa corolle rougeâtre dépassant longuement le calice. Ce sont ses feuilles qui servent à la préparation du tabac, que l’on distribue partout.

Cette plante est très vénéneuse à l’intérieur ; on obtient la nicotine de ses feuilles.

Le nicotiana rustica Lin. sp. connu sous les noms vulgaires de petit tabac, de tabac sauvage, de priapée, est aussi cultivé dans les jardins mais plus rarement. On le distingue à ses feuilles ovales-obtuses, pétiolées ; à sa corolle d’un jaune-verdâtre, 2-3 fois plus longue que le calice. Mêmes vertus que le précédent.

6e gr. JUSQUIAME. – HYOSCYAMUS. (Lin. gen. 247.)

Calice campanulé, persistant, renflé à sa base, dilaté au sommet, s’accroissant après la floraison, appliqué contre la capsule et la dépassant beaucoup. Corolle en entonnoir, à limbe oblique, à 5 lobes obtus, inégaux. Capsule membraneuse, biloculaire, s’ouvrant circulairement, au sommet, par un opercule coriace, convexe, biloculaire. Graines nombreuses, réniformes, chagrinées.

1 Feuilles sessiles NIGER
Feuilles pétiolées 2
2 Filets des étamines blancs ; gorge de la corolle d’un blanc verdâtre. ALBUS
Filets des étamines et gorge de la corolle d’un pourpre foncé MAJOR

1. HYOSCYAMUS NIGER
Lin. sp. 457 ; Dec. fl, fr. 3, p. 607 ; Bull. ven. t. 93 ; Math. comm valg. p 1064, ic. ; Drèves et Hayne, pl. d’Eur. t. 47.

Racine blanchâtre, épaisse, pivotante ou rameuse. Tige de 3-8 dm robuste, droite, cylindrique, fistuleuse, rameuse, très feuillée, couverte de longs poils mous, visqueux, grisâtres, ainsi que le duvet des feuilles ; celles-ci molles, douces au toucher, assez amples, ovales-oblongues, sinuées-pinnatifides, à lobes inégaux, triangulaires-lancéolés, à nervure large, blanchâtre ; les radicales pétiolées, disposées en rosette ; les caulinaires plus profondément pinnatifides, sessiles, semi-amplexicaules. Fleurs d’un jaune sale, livide, presque sessiles, axillaires, unilatérales, formant un épi court, roulé en crosse, très allongé à la maturité. Calice presque tomenteux ; le fructifère dressé, nervié-réticulé, raide, dépassant beaucoup la capsule, à 5 lobes ovales-lancéolés, acuminés, presque épineux. Corolle à limbe veiné-réticulé de violet, à tube rougeâtre intérieurement. Capsule renflée inférieurement, Graines grisâtres. Plante à odeur forte et désagréable, d’un vert sombre.

Cette plante-porte les noms vulgaires d’herbe aux engelures, d’herbe à la teigne, d’hanebane potelée ; en patois, couriada. Elle est très vénéneuse, surtout sa racine ; ses feuilles et ses graines, à l’intérieur, sont narcotiques ; à l’extérieur, les feuilles sont calmantes, résolutives. Les gens de la campagne se servent de la graine, en fumigation, pour calmer les maux de dents. Cinq moissonneurs sont devenus hydrophobes pour avoir mangé les feuilles en salade ; trois furent victimes de cette imprudence. Le contre-poison de cette plante dangereuse est le vinaigre à grande dose, ou le vomissement provoqué.

Hab. les bords des champs, des chemins, les décombres, dans le voisinage des habitations, dans tout le département.

Fl. mai-août.

2. HYOSCYAMUS ALBUS
Lin. sp. 257 (excl. var. B.) ; Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 546 ; Lamk. ill. t. 117, fig. 2.

Racine blanchâtre, pivotante ou rameuse. Tige droite, rameuse, velue-visqueuse, ainsi que les feuilles ; celles-ci pétiolées, ovales, presque cordiformes, un peu décurrentes sur le pétiole, incisées, à lobes dentés. Fleurs sessiles ou presque sessiles, axillaires, unilatérales, formant un épi feuillé, court, roulé en crosse, très allongé à la maturité ; feuilles florales toutes pétiolées, oblongues ou arrondies, entières ou sinuées-dentées. Calice très velu ; le fructifère dressé, plus faiblement nervié-réticulé que dans l’espèce précédente, à dents courtes, triangulaires, aiguës. Corolle plus ou moins pubescente, d’un blanc jaunâtre, à gorge verdâtre, à lobes inférieurs plus petits et plus profonds que les supérieurs. Filets des étamines blancs. Capsule peu renflée à la base. Graines grisâtres.

Cette plante a les mêmes propriétés que la précédente, avec moins d’énergie ; on la regarde comme moins vénéneuse. Elle porte les noms vulgaires de jusquiame blanche ; en patois, couriada.

Hab. contre les murs et les rochers aux environs de Nîmes: elle est commune dans les Arènes.

Fl. mai-août.

3. HYOSCYAMUS MAJOR
Mill. dict. n° 2 ; Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 547 ; H. albus var. B. Lin. sp. 257 ; H. aureus Dec. fl. fr. 3, p. 608 (non Lin.) ; Bull. ven. t. 99.

Cette espèce diffère de la précédente : par sa racine vivace ; par ses tiges ligneuses à la base, partant plusieurs de la même souche ; par sa corolle à gorge d’un pourpre foncé, ainsi que les filets des étamines.

Mêmes propriétés que la précédente.

Hab. sur les murs et les rochers à Clarensac, à Villeneuve-lez-Avignon (Palun).

Fl. mai-août.

< Borraginées – Solanées – Verbascées >