Préface

AVIS AUX LECTEURS

La Flore dont la publication vient de s’achever a été entreprise dans le double but de populariser la science si attrayante de la botanique pratique et de faire connaître la riche végétation d’un département presque exceptionnel en France, par sa position méridionale et par la nature variée de son sol. Rendre facile la détermination des plantes est un moyen sûr de multiplier le nombre de ceux qui les collectionnent et, par conséquent, d’en propager le goût. Beaucoup de commençants sont, en effet, découragés, à leur début, parla difficulté qu’ils éprouvent à faire concorder les caractères des échantillons qu’ils ont sous les yeux avec les descriptions plus ou moins complètes qu’ils en trouvent dans les Flores connues. En restreignant la circonscription d’une flore, on diminue le nombre des espèces à décrire, on précise mieux les localités où on les rencontre, les descriptions qu’on en fait se rapportent mieux aux échantillons de ces localités, et les indications des époques de leur floraison ou de leur fructification sont plus sûres.

L’auteur de cette Flore, M. de Pouzolz, que la mort a enlevé tout à coup à son œuvre, restée depuis interrompue, avait fait de l’étude des plantes son travail favori ; au milieu des préoccupations nombreuses de sa profession, il sut toujours trouver, du temps à consacrer à l’objet dominant de ses goûts ; la carrière qu’il suivait lui a même procuré des avantages dont ne peuvent pas toujours jouir, les botanistes. Grâce à sa position, il a pu explorer avec fruit la plus grande partie de la France, la Corse et l’Espagne, et rassembler l’immense herbier qu’il a laissé et dont presque tous les échantillons ont été récoltés par lui-même. Ses relations avec les botanistes les plus distingués ont rendu facile la vérification de ses déterminations et lui ont permis d’entreprendre avec quelque autorité la publication de la Flore du Gard. C’est dans ce département qu’il a passé la dernière partie de son existence, partageant ses loisirs entre les excursions botaniques et la rédaction de son ouvrage. Les nombreuses découvertes qu’il y a faites sont une preuve du talent d’observation dont il était doué, et garantissent l’exactitude des indications qu’il donne dans son livre. La science lui doit, d’avoir reconnu, dans le département du Gard, un grand nombre d’espèces qu’on n’y avait pas encore signalées, et même la découverte de plusieurs espèces nouvelles, parmi lesquelles nous pouvons citer celles auxquelles, pour récompenser son zèle, les maîtres de la science ont donné son nom : Cistus Pouzolzii ; Agropyrum Pouzolzii, etc.

Le département qu’il avait choisi comme dernier champ de ses explorations était bien digne de fixer l’attention d’un botaniste. aussi intrépide que lui. On y trouve, en effet, réunis sur une étendue relativement assez restreinte, les habitats et les stations les plus variés : étangs et marais salés, étangs et marais d’eau douce, alluvions et sables des fleuves et des rivières, coteaux calcaires secs, champs cultivés des terrains calcaires, champs cultivés des terrains siliceux, bois des montagnes calcaires, bois des montagnes granitiques, régions basses et régions subalpines ; et, si la nature géologique du sol à quelque influence sur la végétation, le sol du Gard offre des lambeaux de presque tous les étages, depuis les terrains paléozoïques jusqu’aux alluvions modernes.

Chargé de compléter l’œuvre d’un maître aussi habile, j’ai eu en effet, le regret de n’apporter à ce travail qu’une grande inexpérience. Heureusement les matériaux étaient nombreux et parfaitement coordonnés. J’ai pu, grâce aux échantillons authentiques que m’ont libéralement fournis quelques botanistes habiles dont l’assistance m’a été d’un grand secours, et que je prie ici de recevoir l’expression de ma profonde gratitude, vérifier presque toutes les déterminations de M. de Pouzolz. Cette tâche remplie, j’ai fait la description des genres et des espèces, en suivant, comme d’ailleurs l’avait fait jusque-là M. de Pouzolz lui-même, l’ouvrage si recommandable de MM. Godron et Grenier, qui sert de guide et d’autorité à tous ceux qui s’occupent actuellement de botanique en France. Les indications des localités sont données d’après les étiquettes accompagnant les échantillons dans l’herbier sur lequel mon travail est basé. J’en ai ajouté quelques autres d’après mes observations personnelles, dont mes occupations et le peu de séjour que j’ai fait dans ce pays restreignent beaucoup le nombre, et d’après les renseignements que m’ont fournis généreusement quelques botanistes du département, parmi lesquels je ne puis manquer de citer M. l’abbé J. G. , à qui je dois l’indication des habitats de presque toutes nos fougères.

COURCIERE.