LXVIe FAM. ÉRICINÉES. – ERICINEÆ. (Desv. journ. de bot. 1813, p. 28.)

Fleurs hermaphrodites, régulières ou un peu irrégulières. Calice libre, persistant, à 4-5 lobes libres ou plus ou moins soudés. Corolle persistante ou caduque, campanulée ou urcéolée, insérée sur le réceptacle, à 4-5 lobes imbriqués avant la fleuraison. Etamines 4-5 ou 8-10, distinctes, non adhérentes à la corolle, insérées sur le réceptacle ; anthères à 2 lobes, s’ouvrant chacun par un pore terminal. Ovaire libre. Style 1 ; stigmate capité ou pelté. Fruit capsulaire, rarement bacciforme, à plusieurs valves polyspermes, rarement monospermes, s’ouvrant par les sutures ou par les valves. Graines petites, entourées d’un test scrobiculé, pendantes, insérées sur un placenta central. Arbrisseaux et arbrisseaux à feuilles entières, persistantes, sans stipules.

1 Fruit bacciforme ou drupacé 2
Fruit capsulaire 3
2 Arbrisseau de 1-2 mètres, droit ; baies grosses, tuberculeuses ARBUTUS
Sous-arbrisseau de 5-10 cm, couché ; baies moyennes, lisses ARCTOSTAPHYLOS
3 Corolle plus courte que le calice ; capsules s’ouvrant par les sutures CALLUNA
Corolle beaucoup plus longue que le calice ; capsules s’ouvrant par les valves ERICA
1er gr. ARBOUSIER. – ARBUTUS. (Tournef. inst. p. 598, t. 368.)

Calice petit, à 5 divisions. Corolle en grelot, à 5 dents roulées en dehors, caduques. Etamines 10 ; anthères portant sur le dos 2 appendices filiformes, réfléchis. Baie indéhiscente, tuberculeuse, à 5 loges polyspermes.

1. ARBUTUS UNEDO
Lin. sp. 566 ; Dec. fl. fr. 3, p. 682 ; Lamk. ill. t. 366, fig. 1 ; Cam. epit. 168, ic. ; Dod. pempt. 804, ic.

Arbrisseau de 1-2 mètres, droit, rameux, à bois dur, à écorce rude, gercée, grisâtre, à jeunes pousses rougeâtres, munies de poils écartés. Feuilles persistantes, coriaces, semblables à celles du laurier, oblongues-lancéolées, glabres, luisantes, dentées en scie, à pétiole court, triangulaire, quelquefois cilié, souvent rougeâtre. Fleurs blanchâtres, vertes au sommet, disposées en grappe courte, rameuse, dressée ou penchée, terminale. Pédoncules courts, anguleux, munis, à leur base, d’une petite bractée lancéolée-aiguë, souvent rougeâtre. Calice à 5 lobes courts, subtriangulaires, pubescents sur les bords. Corolle obovale, resserrée sous les dents, au nombre de 5, courtes, réfléchies en dehors et ciliolées. Etamines à filets velus à la base. Baies grosses arrondies, pendantes, rouges à la maturité, hérissées de tubercules pyramidaux. Graines petites, blanchâtres, osseuses.

Cet arbrisseau porte le nom vulgaire de fraisier en arbre. Ses baies quoique fades, sont mangées par les gens du peuple ; on les nomme arbouses. On en tire de l’eau-de-vie par fermentation. Il occupe une place distinguée dans les bosquets.

Hab. les bois, au Vigan, à St-Ambroix, Alais, Nîmes et tous ses environs montagneux.

Fl. octobre-février.

2e gr. BUSSEROLE. – ARCTOSTAPHYLOS. (Adans. fam. 2, p. 165.)

Baie lisse, sphérique, à 5 loges monospermes. Les autres caractères comme dans le genre précédent.(Arbutus)

1. ARCTOSTAPHYLOS OFFICINALIS
Wimm. et Grab. fl. sil. 1, p. 391 ; Godr. et Gren. fl. fr. 2, p. 426 ; Arbutus uva-ursi Lin. sp. 566 ; Dec. fl. fr. 3, fig. p. 683 ; Fl. dan. t. 33 ; Lob. obs. p. 199, fig. 2 ; Drèves et Hayne, pl. d’Eur. t. 64 ; Lin. fl. lapp. p. 122 t. 6, fig. 3.

Racine rampante. Tiges de 5-10 dm, couchées, rampantes, glabres, rameuses ; les jeunes rameaux pubescents, souvent rougeâtres. Feuilles nombreuses, rapprochées, raides, coriaces, épaisses, luisantes, très glabres, oblongues-obtuses très entières, brièvement pétiolées, persistantes ; celles des jeunes rameaux munies, sur leur bord et sur les pétioles de quelques poils laineux. Fleurs roses, réunies en grappe courte, penchée, serrée, terminale ; pédoncules très courts, munis, à leur base, de bractées lancéolées, épaisses, pubescentes-laineuses. Calice à lobes ovales, ciliolés. Corolle à dents courtes, réfléchies. Etamines à filets presque glabres ; anthères non percées au sommet, mais terminées par 2 appendices filiformes, de la longueur du filet. Baies d ‘un beau rouge à la maturité d’une saveur âpre, édules.

Cette plante est connue sous les noms vulgaires de bousserole, de raisin d’ours, d’arbousier traînant ; en patois, bouisserola. L’infusion des feuilles est astringente, diurétique ; elle est employée contre les anciennes gonorrhées. L.es feuilles en poudre ou en infusion, sont recommandées contre la gravelle.

Hab. les lieux pierreux, à Trèves, au bout de la côte de la Marène près de Lanuejols, aux environs d’Anduze, à l’Espérou. (Guan. herb.)

Fl. mai, fr. juillet-août.

3e gr. CALLUNE. – CALLUNA. (Salisb. in trans. linn. 6, p. 317.)

Calice à 4 divisions colorées, bien plus longues que la corolle. Corolle campanulée, à 4 divisions. Etamines 8. Capsule à 4 loges, s’ouvrant en 4 valves par les sutures ; cloisons fixées sur l’axe central, non adhérentes aux sutures. Graines très petites, nombreuses.

1. CALLUNA VULGARIS
Salisb. l. c. ; C. erica Dec. fl. fr. 3, p. 680 ; Erica vulgaris Lin. sp. 501 ; Lamk. ill. t. 287, fig. 1 ; Math. comm. valg. (1565) p. 152, ic. ; Camer. epit. 75, ic.

Sous-arbrisseau de 2-5 dm, à écorce rougeâtre, à tiges tortueuses, nombreuses, touffues, droites ou étalées, à rameaux glabres ou pubescents ; les inférieurs nombreux, stériles. Feuilles petites, courtes, presque trigones, obtuses, sessiles, prolongées à la base en 2 pointes rapprochées, glabres ou brièvement ciliées, opposées, étroitement imbriquées sur 4 rangs. Fleurs roses ou blanches, nombreuses, petites, penchées, à pédoncules courts, disposées en grappes spiciformes, nombreuses, unilatérales, terminales, formant, par leur réunion, un corymbe paniculé. Calice luisant, scarieux, à sépales oblongs, obtus, munis, à leur base, de petites bractées vertes, appliquées. Corolle campanulée, très petite, cachée par le calice, à divisions lancéolées, marcescente. Anthères aristées. Stigmate saillant. Capsule arrondie, velues. Graines ovoïdes, brunâtres, transparentes.

On emploie cette plante dans la fabrication de la bière, en remplacement du houblon ; ses feuilles et ses fleurs passent pour diurétiques et anticalculeuses. Elle est connue sous le nom patois de pitio bru.

Hab. les terrains stériles dans tout le département.

Fl.juillet-septembre.

4e gr. BRUYÈRE. – ERICA. (Lin. gen. 484.)

Calice à 4 sépales herbacés ou colorés. Corolle campanulée ou urcéolée, à 4 lobes beaucoup plus longue que le calice. Etamines 8, incluses ou saillantes. Capsule à 4 loges, s’ouvrant par les valves. Cloisons opposées aux valves. Graines très petites, ovoïdes-comprimées, ridées, luisantes, très nombreuses.

1 Rameaux poilus, lanugineux ou pubescents ; fleurs blanches ou roses 2
Rameaux glabres ; fleurs verdâtres SCOPARIA
2 Corolle petite, campanulée, non resserrée à la gorge ; plante de 1-2 mètres ARBOREA
Corolle un peu grande, un peu resserrée à la gorge ; plante de 3-5 dm CINEREA

1. ERICA CINEREA
Lin. sp. 501 ; Dec. fl. fr. 3, p. 676 ; Fl. dan. t. 38 ; Clus. hist. 1, p.4 3 fig. 2 ; Lob. ic. 2, t. 212, fig. 2.

Sous-arbrisseau, de 3-5 dm, à rameaux nombreux, ramifiés, ligneux, dressés, à écorce glabre et rougeâtre inférieurement, cendrée et pubérulente supérieurement. Feuilles glabres, luisantes, linéaires-étroites, obtuses, munies d’un sillon étroit en dessous, canaliculées en dessus, bordées d’une membrane étroite, verticillées par 3, souvent munies, à leur aisselle, de petits fascicules de feuilles. Fleurs penchées ; les supérieures dressées, d’un rose violacé, rarement blanches, portées au sommet de petits rameaux axillaires, feuillés ordinairement à 3 fleurs, dont les pédoncules pubescents sont presque de la longueur de la corolle , disposés le long du rameau principal en grappe plus ou moins allongée, étroite, obtuse au sommet. Calice glabre, scarieux aux bords, environ de moitié plus court que la corolle, souvent coloré, à lobes linéaires-aigus. Corolle ovale-oblongue, urcéolée, à lobes peu profonds. Etamines incluses, à anthères appendiculées. Stigmate capité, ordinairement inclus. Capsule glabre, sphérique, sillonnée.

Cette plante porte le nom vulgaire de bucane ; elle est diurétique et diaphorétique.

Hab. les lieux arides, les bois montagneux du département, elle est rare dans sa partie basse.

2. ERICA ARBOREA
Lin. sp. 502 ; Dec. fl. fr. 3 p. 677 Clus. hist. 1, p. 41, ic. ; Lob. ic. 2, f. 214, fig. 1 Tabern. ic. t. 1114 fig.1.

Arbrisseau de 1-2 mètres, droit, très très rameux, à rameaux dressés, couverts d’un coton blanc serré, dépassé par des poils étalés, glochidiés. Feuilles glabres, très nombreuses, rapprochées, linéaires-étroites, un peu obtuses, munies d’un sillon en dessous, planes en dessus, disposées par verticille de 3-4. Fleurs très odorantes,très nombreuses, petites, blanches ou rosées, disposées 2-4 au sommet des petits rameaux le long des grappes, formant par leur réunion, une panicule pyramidale, ample par et très allongée. Pédoncules munis de petites bractées. Calice glabre, blanchâtre, à sépales ovales, un peu aigus, de moitié plus courts que la corolle. Corolle campanulée, à lobes profonds, oblongs, obtus. Etamines incluses. Anthères à appendices larges, dentés, plus courts qu ‘elles. Stigmate capité, saillant. Capsule globuleuse, glabre.

Hab. les bois, à Nîmes, Manduel, aux bords du Gardon à la Beaume, au Vigan, à St-Ambroix, St-Jean-du-Gard, Anduze, au pont de l’Hérault, entre Valleraugue et Ganges. Dans toutes les Cévennes, on s’en sert pour ramer les vers à soie.

Fl. avril-juin.

3. ERICA SCOPARIA
Lin. sp. 502 ; Dec. fl. fr. 3, p. 678 ; Clus. hist. 1, p. 42, fig. 3 ; Lob. ic. t. 215, fig. 2 ; Tabern. ic. 1115, fig. 2.

Arbrisseau de 4-12 dm, droit, très rameux, à rameaux dressés, glabres, blanchâtres. Feuilles glabres linéaires-étroites, un peu obtuses, roulées en dessous par les bords, brièvement pétiolées, dressées, rapprochées, verticillées par 3-4, dépourvues de fascicules de feuilles à leur aisselle. Fleurs d’un vert-jaunâtre, très petites, brièvement pédonculées, réunies 1-4 à 1 aisselle des feuilles, disposées en grappes terminales, spiciformes, nombreuses. Calice glabre, à sépales atteignant la moitié de la corolle. Corolle campanulée, globuleuse, à lobes ovales, profonds. Etamines incluses, à anthères mutiques. Stigmate pelté, saillant. Capsule glabre,globuleuse.

Cette plante porte les noms vulgaires de brande, brémale ; en patois, bru. On s’en sert pour faire des balais.

Hab. les bois et les garrigues dans toute la plaine ; elle est plus rare sur les montagnes élevées.

Fl. mai-juin.

L ‘erica multiflora n’a pas encore été trouvée dans le Gard ; elle est abondante dans l’Hérault, sur la montagne de la Tessone, voisine de notre département.

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