CXIVe FAM. COLCHICACÉES. – COLCHICACEÆ. (Dec. fl. fr. 3, p. 192.)

Fleurs hermaphrodites régulières, rarement unisexuelles par avortement. Périgone à 6 divisions colorées, presque égales, disposées sur deux rangs, soudées en un tube étroit, allongé, ou libres jusqu’à la base, ou soudées en tube très court, imbriquées ou indupliquées avant l’épanouissement. Etamines 6, insérées à la base des divisions du périgone ou au sommet du tube. Anthères bilobées, extrorses, puis introrses. Ovaire libre ou presque libre, à 3 carpelles plus ou moins soudés. Styles 3, distincts, rarement soudés inférieurement. Fruit capsulaire, composé de 3 carpelles plus ou moins soudés entre eux, s’ouvrant par leur suture. Graines nombreuses, membraneuses, fixées au bord intérieur des valves. Périsperme charnu, très épais. Embryon presque cylindrique, placé dans le périsperme. Plantes bulbeuses.

1	Fleurs à tube très long, naissant d’un bulbe avant les feuilles	COLCHICUM
	Fleurs à tube très court, portées sur une tige feuillée, dépourvue de bulbe	2
2	Fleurs en grappes disposées en panicule ample ; feuilles très grandes	VERATRUM
	Fleurs en grappe petite, spiciforme ; feuilles linéaires	TOFIELDIA

1er gr. COLCHIQUE. – COLCHICUM. (Tournef. inst. t. 181,182.)

Périgone en entonnoir, à 6 divisions courbées en dedans, soudées inférieurement en tube étroit, très long, naissant directement du bulbe. Etamines 6, insérées à la gorge du périgone, à filets filiformes, à anthères oblongues, versatiles. Styles libres, filiformes, allongés, épaissis supérieurement, à stigmates recourbés. Capsule renflée, à 3 carpelles libres au sommet à la déhiscence. Graines subglobuleuses, rugueuses, à raphé court, renflé, spongieux. Embryon très petit, subcylindrique.

1	Fleur solitaire ; étamines insérées à la même hauteur ; capsule elliptique	ARENARIUM
	Plusieurs fleurs ; étamines insérées à deux hauteurs ; capsule obovale	AUTUMNALE

1. COLCHICUM AUTUMNALE
Lin. sp. 485 ; Dec. fl. fr. 3, p. 195 ; Lamk. ill. 267 ; Fuchs. hist. 356, 357, ic. ; Math. comm. (valgr.)p. 1106, 1107, ic.

Bulbe gros, solide, à tunique membraneuse, noirâtre ; produisant, au printemps, 3-4 feuilles de 3-2 dm, largement lancéolées et en gouttière, dressées, un peu pointues, presque planes, engainantes à leur base, d’un vert noirâtre. Ces feuilles, détruites en automne, sont remplacées à cette époque par 2-3 fleurs grandes, d’un lilas clair, naissant du bulbe, hautes, y compris le tube, d’environ un dm. Tube muni de gaines membraneuses et plus long que le limbe, divisé en 6 lobes inégaux, lancéolés-oblongs ; les intérieurs lancéolés, plus courts. Etamines insérées, les 3 courtes à la base des lobes, et les 3 longues un peu plus haut ; filets subulés 2 fois de la longueur des anthères. Styles courbés en crochet. Stigmates pâles, prolongés sur les styles. Capsule assez grosse, obovale, enflée, paraissant au printemps avec les feuilles qui l’enveloppent. Graines brunes.

Dans les prairies inondées, la plupart des fleurs ne paraissent qu’au printemps.

Cette plante, connue sous les noms vulgaires de safran bâtard, de tue-chien, de veillotte, est vénéneuse ; les bulbes, les fleurs et les semences, sont très usitées comme diurétique énergique et purgatif ; c’est des semences que t on extrait la colchicine, qui est très vénéneuse.

Hab. les prairies, les pacages, à Manduel, à Nîmes, au Vigan et dans tout le département.

Fl. août-septembre, fr. mai-juin.

2. COLCHICUM ARENARIUM [Colchicum longifolium Cas]
Waldst. et Kit. pl. rar. Hung. t. 179 ; Col. longifolium Cast. cat. Marseille, p. 135 ; C. minus palun in herb. ; Rchb. ic. fig. 944-945.

Cette espèce diffère de la précédente: par son bulbe plus petit ; par ses feuilles au nombre de 3, bien plus étroites, planes et ondulées, recourbées, étalées, obtuses ; par sa fleur solitaire, très rarement géminée, à tube 3-4 fois plus long que le limbe, divisé en lobes lancéolés-étroits ; par ses étamines, toutes insérées à la même hauteur ; par ses stigmates, épaissis au sommet et recourbés ; par sa capsule elliptique, acuminée aux deux extrémités et un peu pédonculée, enveloppée par les feuilles.

Hab. les lieux secs, à Manduel, à Villeneuve-lez-Avignon, au bois de Fargues, près de Villeneuve.

Fl. septembre-octobre, fr. mai.

2e gr. VARAIRE. – VERATRUM. (Tournef. inst. p. 272, t. 145.)

Périgone à 6 divisions libres ou soudées à la base en un tube très court, persistantes. Etamines 6, insérées à la base des divisions ; anthères presque arrondies, s’ouvrant transversalement en 2 lobes étalés. Ovaire à 3 loges polyspermes, quelquefois avorté. Styles 3, courts, divergents. Capsule à 3 loges, formée de 3 carpelles polyspermes, séparés au sommet, s’ouvrant du côté intérieur. Graines nombreuses, petites, ovales-oblongues, comprimées, entourées d’un bord membraneux, attachées le long de la suture intérieure par un pédicelle très court. Embryon linéaire. Plante à tige feuillée, à racine fibreuse.

1. VERATRUM ALBUM
Lin. sp. 1479 ; Dec. fl. fr. 3, p. 194 ; Lamk. ill. t. 843 ; Dod. pempt. 383, ic. ; Math. comm. (Valgr.) 1219, ic. ; Fuchs. hist. 272, ic.

Racine à fibres épaisses. Tige de 9-10 dm, droite, cylindrique, simple, épaisse, ferme, pubescente supérieurement, très feuillée. Feuilles alternes, fort grandes, très entières, fortement nervées et plissées, ovales-elliptiques ou lancéolées, les supérieures acuminées ; toutes engainantes à la base et finement pubescentes en dessous. Fleurs pédicellées, disposées en grappes pubescentes rameuses inférieurement ou simples, dressées, étalées ou courbées en dehors, formant, par leur réunion une panicule de 4-6 dm Bractées petites, ovales ou lancéolées, plus courtes ou plus longues que les pédicelles. Périgone à lobes oblongs-lancéolés, dentelés, ouverts, blanchâtres en dedans, verdâtres et pubescents en dehors, plus longs que le pédicelle. Capsule à 3 carpelles oblongs, aigus. Graines brunes.

Cette plante porte le nom vulgaire d’ellébore blanc, en patois varaire blanc. Toute la plante est vénéneuse ; sa racine en poudre est un purgatif drastique très violent ; elle est sternutatoire, elle empoisonne les mouches, les souris et les poules. La plante a été employée avec succès pour guérir la folie.

Hab. les prairies des montagnes, à l’Espérou, à Trèves, à Concoule.

Fl. juin-août.

3e gr. TOFIELDIE. – TOFIELDIA. (Huds. fl. angl. 157.)

Périgone à 6 divisions sessiles, égales, persistantes, entourées à leur base d’un petit involucre persistant, à 3 lobes. 6 étamines insérées à la base des divisions ; filets glabres, filiformes, allonges ; anthères presque arrondies, bilobées, à déhiscence longitudinale. Ovaire libre. Stigmates 3, presque sessiles. Capsule oblongue-trigone à 3 carpelles libres au sommet, soudés inférieurement, renfermant des graines nombreuses, linéaires, sillonnées-anguleuses. Souche non bulbeuse, tige feuillée.

1. TOFIELDIA CALYCULATA
Wahlbg. helv. 68 (1813) ; T. palustris Dec. fl. fr. 8, p. 193 ; Anthericurn calyculatum Lin. sp. 447 ; Helonias borealis Willd. sp. 2, p. 274 ; Lamk. ill. t. 268, subnartheciurn ; Lin. fl. lap. t. 10, fig. 3 ; Seg. ver. 2, p. 61, t. 14 ; Clus, pan. 262 ic. et hist. 198, ic-.

Racine divisée en fibres, blanchâtres simples, diffuses, un peu charnues, donnant naissance à une ou plusieurs tiges, dont les florifères s’élèvent de 1 à 3 dm, ordinairement simples, cylindriques, raides, glabres, dressées, garnies de 1 à 3 feuilles écartées et d’autant plus courtes qu’elles sont supérieures. Du collet de la racine à en pousse un grand nombre réunies en gazon ; toutes sont linéaires, graminiformes, glabres, coriaces, nervées, d’un vert clair, beaucoup plus courtes que la tige. Fleurs petites, verdâtres, brièvement pédicellées, réunies au sommet de la tige en épi plus ou moins serré, souvent interrompu à la base ; pédicelles glabres, plus courts que les fleurs, munis à leur base d’une bractée scarieuse environ de leur longueur. Involucre scarieux, beaucoup plus court que le périgone. Périgone à divisions dressées, oblongues, glabres. Capsule arrondie, entourée par le périgone, à carpelles terminés par les styles. Graines fauves.

Hab. les prairies humides de l’Espérou (Gouan herb.).

Fl. juillet-août.