LXXXXIIe FAM. DAPHNOÏDÉES. – DAPHNOIDEÆ. (Vent. t. 2, p. 235.)

Fleurs hermaphrodites, rarement dioïques par avortement, ordinairement régulières. Calice simple, libre, caduc ou persistant, tubuleux ou infundibuliforme, à 4-5 lobes ordinairement égaux, imbriqués dans le bouton. Etamines 8-10, insérées sur le tube ou à la gorge du calice, en nombre égal à celui des lobes et alternes avec eux ou en nombre double ; le rang externe alternant avec l’interne et les lobes du calice ; anthères bilobées, à déhiscence longitudinale. Ovaire non soudé avec le calice, uniloculaire, uniovulé, à 1 ovule suspendu, réfléchi. Style filiforme quelquefois nul, latéral ou presque terminal ; stigmate capité. Fruit monosperme, sec ou drupacé-, indéhiscent ; nu ou recouvert par la base persistante du calice. Périsperme nul ou légèrement charnu. Embryon droit ; cotylédons larges, planes, charnus. Sous-arbrisseaux ou plantes herbacées, annuelles, à feuilles simples, entières, alternes, éparses ou opposées, sans stipules, à fleurs axillaires ou terminales, fasciculées, en têtes ou en grappes munies d’un involucre ou de bractées.

1 Fruit capsulaire PASSERINA
Fruit drupacé DAPHNE
1er gr. DAPHNÉ. – DAPHNE. (Lin. gen. 485.)

Fleurs hermaphrodites. Calice marcescent, puis caduc, infundibuliforme, à 4 lobes, dépourvu d’écailles à la gorge. Etamines 8, incluses, insérées vers le sommet du tube. Style très court, presque terminal. Fruit drupacé, à noyau crustacé. Tige ligneuse.

1 Fleurs axillaires ou latérales 2
Fleurs terminales 3
2 Fleurs jaunâtres, en grappes à l’aisselle des feuilles ; fruits noirs LAUREOLA
Fleurs roses, fasciculées le long des rameaux ; fruits rouges MEZEREUM
3 Fleurs en grappes formant une panicule ; tige de 6-10 GNIDIUM
Fleurs en faisceaux au sommet des rameaux ; tige de 2-3 dm 4
4 Fleurs toujours blanches ; feuilles jeunes, pubescentes ALPINA
Fleurs ordinairement purpurines ; feuilles glabres CNEORUM

1. DAPHNE MEZEREUM
Lin. sp. 509 ; Dec. fl. fr. 3,p. 356 ; Lamk. ill. t. 290, fig. 1 ; Fl. dan. t. 268 ; Dod. pempt. 360.

Sous-arbrisseau de 3-6 dm, dressé, simple ou rameux, à écorce brune ou grisâtre, ponctuée. Feuilles alternes, lancéolées ou oblongues-aiguës, atténuées en pétiole court, entières, minces, un peu glauques en dessous, glabres, ciliées aux bords dans leur jeunesse, non persistantes, naissant après les fleurs. Fleurs roses, odorantes, sessiles, disposées par 2 ou par 3 le long des rameaux, en forme d’épi portant à son sommet un bouquet de jeunes feuilles ; bractées petites, scarieuses. Calice à tube pubescent, à lobes ovales-aigus, de la longueur du tube. Fruit rouge à la maturité.

Cette plante porte les noms vulgaires de bois-gentil, de garou, de sainbois, de trintanelle ; en patois, canta-perdris. Toute la plante est vénéneuse ; ses fruits sont purgatifs ; son écorce, comme celle des autres espèces, est vésicante.

Hab. le long du valat de Brama-Bioou près Camprieux, dans les bois.

Fl. février-avril.

2. DAPHNE LAUREOLA
Lin. sp. 510 ; Dec. fl. fr. 3, p. 357 ; Jacq. austr. t. 183 ; Bull. ven. t. 37 ; Dod. pempt. 361, ic.

Sous-arbrisseau de 4-6 dm, dressé, rameux supérieurement, à rameaux cylindriques, flexibles, à écorce d’un vert jaunâtre ou brunâtre. Feuilles éparses, ramassées au sommet des rameaux, persistantes, épaisses, coriaces, glabres, vertes, luisantes, oblongues-lancéolées, aiguës ou obtuses, entières, atténuées en pétiole très court. Fleurs d’un vert jaunâtre, odorantes, sessiles, naissant avec les feuilles, disposées en petites grappes axillaires, penchées, occupant le sommet des rameaux ; bractées caduques, jaunâtres. Calice à tube glabre, à lobes ovales-lancéolés, plus courts que le tube. Fruits pyriformes, noirs à la maturité.

Cette plante est connue sous les noms vulgaires de lauréole, laurier des bois, laurier purgatif. Toute la plante est vénéneuse ; ses fruits sont purgatifs.

Hab. les bois, aux environs du Vigan, d’Alzon, d’Alais.

Fl. février-avril.

3. DAPHNE ALPINA
Lin. sp. 510 ; Dec. fl. fr. 3, p. 357 ; Barr. ic. t. 234 ; Lob. ic. t. 370, fig. 1, et ado. 158, fig. 1.

Sous-arbrisseau de 2-4 dm, à tige rameuse, noueuse, à rameaux pubescents à l’extrémité, à écorce cendrée, plissée. Feuilles oblongues-lancéolées, presque obtuses, molles, d’un vert blanchâtre, velues, soyeuses dans leur jeunesse, surtout en dessous à nervure principale saillante, ramassées en petit nombre, au sommet des rameaux, à la fin caduques. Fleurs blanches, odorantes après le coucher du soleil, naissant après les feuilles, sessiles ou presque sessiles, réunies en petit bouquet au sommet des rameaux. Calice velu, à lobes lancéolés-aigus, plus courts que le tube renflé après la fécondation. Fruit ovoïde, couvert de poils couchés, rouge à la maturité, très caustique.

Hab. les débris des rochers et dans leurs fentes, à Alzon, à Campestre, à Montdardier.

Fl. avril-juin.

4. DAPHNE CNEORUM
Lin. sp. 511 ; Dec. fl. fr. 3, p. 358 ; Jacq. austr. t. 426 ; Bull. ven. t. 121 ; Clus. hist. 90, fig. 1.

Sous-arbrisseau de 1-3 dm, à tiges plus ou moins nombreuses, dressées ou couchées, à écorce d’un brun rougeâtre, à rameaux diffus, dichotomes, pubescents et glanduleux au sommet. Feuilles ramassées au sommet des rameaux, sessiles, petites, oblongues ou ovales-cunéiformes, souvent mucronulées ou échancrées au sommet, glabres, marquées d’un sillon en dessus et d’une nervure saillante en dessous. Fleurs rouges, rarement blanches, très odorantes, presque sessiles, en bouquets terminaux ; bractées petites, obtuses. Calice soyeux en dehors, à lobes ovales-lancéolés, deux fois plus courts que le tube un peu renflé-gibbeux à la base. Fruits oblongs, orangés, puis bruns.

Toute la plante est vénéneuse.

Hab. les bois, aux environs du Vigan, à Salbous, a Bourdezac ; à n’a jamais été trouvé à Nîmes.

Fl. mai-juillet.

5. DAPHNE GNIDIUM
Lin. sp. 511 ; Dec. fl. fr. 3, p. 358 ; Clus. Hist. 87, ic. ; Lob. ic.t. 369, fig. 1 ; Dod. pempt. 360, ic.

Racine très grosse, filandreuse. Arbrisseau à tiges nombreuses, nues inférieurement, naissant de la même souche, hautes de 6-10 dm, droites, d’abord simples, puis rameuses supérieurement, à rameaux simples, allongés, feuilles dans toute leur longueur, dressés, formant ensemble une ample panicule terminale, à écorce d’un brun rougeâtre. Feuilles très nombreuses, linéaires lancéolées, acuminées-mucronées, dressées, serrées, un peu épaisses et cassantes, très glabres, munies en dessous d’une nervure longitudinale saillante, apparente en dessus. Fleurs blanches, odorantes, la plupart caduques, pédicellées, disposées en panicules rameuses, terminant les rameaux ; pédoncules et pédicelles tomenteux, grisâtres. Calice cotonneux, soyeux, à 4 lobes ovales, plus courts que le tube. Fruits arrondis, rouges à la maturité.

Cette plante porte les noms vulgaires de garou, de sain-bois, de thymelée de Montpellier ; en patois de trintanella, de canta-perdris. Toute la plante est vénéneuse ; ses fruits sont purgatifs. C’est principalement l’écorce de cette espèce qui est employée comme vésicatoire.

Hab. les bois, les garrigues et les terrains incultes dans toute la partie basse du département, et à Anduze où elle est très rare.

Fl. mars-octobre.

2e gr. PASSERINE. – PASSERINA. (Lin. gen. 487.)

Fleurs hermaphrodites ou dioïques. Calice persistant, à tube cylindrique ou urcéolé, nu à la gorge, à limbe à 4 lobes. Etamines 8, incluses, sur deux rangs, insérées sur le tube. Style filiforme, latéral ; stigmate capité. Fruit capsulaire enveloppé par le calice, monosperme, indéhiscent. Graine à test ligneux.

1 Plante herbacée annuelle ANNUA
Sous-arbrisseau 2
2 Tiges de 1-2 dm, très simples ; plante glabre THYMELÆA
Tiges de 3-6 dm, très rameuses ; plante pubescente TINCTORIA

1. PASSERINA ANNUA
Spreng. syst. 2, p. 239 ; Godr. et Gren. fl. fr. 60 ; Stellera passerina Lin. sp. 512 ; Dec. fl. fr. 3, p. 361 ; Lamk. ill. t. 293 ; Gouan, fl. monsp. t. 3 ; Col. ecphr. 1, t. 82.

Racine blanchâtre, pivotante. Tige de 2-5 dm, glabre, raide, dressée, rameuse supérieurement, à rameaux dressés, grêles, effilés. Feuilles éparses, manquant souvent dans le bas de la tige, sessiles, linéaires ou lancéolées-linéaires, planes, glaucescentes, glabres, légèrement ponctuées-glanduleuses. Fleurs blanchâtres, très petites, sessiles, axillaires, solitaires ou réunies 2-5, en fascicules, le long d’épis grêles, allongés, feuillés, ordinairement dépassées par les feuilles florales ; 2 petites bractées à la base de chaque fleur. Calice velu, à lobes très courts, connivent à la maturité. Fruit pyriforme, noirâtre, un peu plus court que le calice.

Vulgairement herbe de l’hirondelle, petit genêt des champs. On emploie cette plante pour faire de petits balais ; on donne ses graines aux petits oiseaux, qui les mangent volontiers.

Hab. les champs cultivés, après la moisson dans toute la partie basse du département.

Fl. juillet-septembre.

2. PASSERINA THYMELÆA
Dec. fl. fr. 5, p. 366 ; Daphne thymelœa Lin. sp. 509 ; Dec. fl. fr. 3,p. 356 Gerard, gall. prov. t. 17, fig. 2.

Racine épaisse, profonde, à souche grosse, ligneuse, brièvement rameuse, donnant naissance à des tiges nombreuses, de 1-2 dm, ligneuses à la base, droites, très simples, garnies de feuilles de la base au sommet, glabres ainsi que les autres parties de la plante. Feuilles ovales-lancéolés-aiguës, éparses, sessiles, dressées, serrées, imbriquées, épaisses, un peu coriaces, luisantes, d’un vert jaunâtre un peu glauques. Fleurs dioïques, jaune verdâtre, axillaires, sessiles, solitaires dans le bas et beaucoup plus courtes que les feuilles, agrégées dans le haut et de la longueur des feuilles, les dépassant quelquefois, occupant le tiers de la tige ; bractées nulles. Calice longuement tubuleux, glabre ou .chargé de quelques poils couchés, à 4 lobes lancéolés, étalés, de la longueur de la moitié du tube. Fruits jaunâtres pyriformes, glabres, légèrement rugueux, atteignant le milieu du tube.

Vulgairement herbe du mont Serrat. La poudre de ses feuilles est purgative.

Hab. les bois et les garrigues au chemin d’Uzès, près Nîmes ; à l’Hort-de-Diou, près de l’Espérou (Gouan).

Fl. mai-juin.

3. PASSERINA TINCTORIA
Pourr. act. toul. 3, p. 323 ; Lap. abr. 213 ; Sanamunda 1 ; Clus. hist. 88, fig. sin. ; Barr. ic. fig. 233 ; Lob. obs. 624, fig. sin.

Sous-arbrisseau de 2-5 dm, à souche très grosse, ligneuse, donnant naissance à plusieurs tiges ligneuses inférieurement, buissonnantes, très rameuses, à rameaux dressés, serrés, tomenteux au sommet ; écorce grisâtre, lâchement plissée. Feuilles linéaires-obtuses, légèrement atténuées vers la base, épaisses, concaves en dessus, munies en dessous d’une nervure peu saillante, très rapprochées et imbriquées au sommet des rameaux, tomenteuses, grisâtres dans leur jeunesse, à la fin pubérulentes. Fleurs jaunes, sessiles, solitaires, axillaires, beaucoup plus courtes que les feuilles florales ; bractées 2, à la base des fleurs, très petites, obtuses, tomenteuses. Calice court, ovoïde-urcéolé à la maturité, à 4 lobes arrondis, un peu plus courts que le tube. Fruits pyriformes, noirs, glabres, finement striés, environ de la longueur du calice.

Toute la plante est employée pour teindre en jaune.

Hab. les bois, à la Chartreuse de Valbonne, quartier des Cabreries, vis-à-vis la grange de Jean Camp, dans un espace de 80 mètres sur 50.

Fl. février-avril.

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